Dialogue : Betty et Simon
La prière du chercheur
Simon
J'ai cru que je pouvais mettre un terme à ma souffrance, dans le rêve.
J'ai cru que j'allais enfin toucher la paix permanente, dans le rêve.
J'ai cru qu'en m'observant, j'allais faire disparaître ce que j'observais.
J'ai cru que j'allais pouvoir arrêter de culpabiliser.
J'ai cru qu'enfin je tenais les rênes de mes bêtes.
J'ai cru que j'allais m'en sortir, en me saoulant de men-tal.
J'ai cru que j'avais la foi.
J'ai cru que ma peur et mon incertitude devant ma foi dans l'inconnu allaient se solidifier en convainquant à l'extérieur.
J'ai cru que je n'avais plus de dieu. Mais j'ai inventé un nouveau dieu, un dieu qui me veut du mal.
J'ai cru que quelqu'un pourrait me sauver.
J'ai cru comprendre.
J'ai cru savoir. Mais, souvent, comme un perroquet, je ré-pétais… parce que c'est plus beau.
J'ai cru que j'avais arrêté de croire.
Je suis bel et bien face à
un mur, en béton, avec une fourchette dans les poches. Observer, sans me
juger. Sans juger, ce que je juge... BEAUCOUP plus difficile que je ne
le pensais.
Je crois qu'en faisant comme les autres, je vais arriver au même résultat.
Je crois qu'en disant aux autres de faire comme les autres, je les sauverai.
Je crois en la mort.
Je crois en la peur.
Je crois que je suis dans le corps de Simon.
Je crois souvent que j'ai atteint quelque chose.
Je crois que le passé était mieux et que le futur sera meilleur.
Je crois que le passé était pire et que le futur sera mieux.
Je crois en l'espoir.
Je ne crois pas souvent en l'amour.
Je joue à Dieu.
Je me sens pris au piège.
J'ai envie d'abandonner.
Le chapelet des croyances
Betty
Un chapelet de croyances brille dans les mains du chercheur.
Les grains ne sont pas des diamants, mais des poids qui l’alourdissent de jour en jour.
Il veut tout capter, tout croire, tout ressentir.
Il veut contrôler son royaume.
Il veut pour lui.
Il veut l’orgasme permanent.
Il veut croire.
Il veut comprendre.
Il veut trouver des brindilles de connaissances et se bâtir un nid.
Il veut que Dieu lui tienne la main.
Il veut un guide.
Il veut être perçu dans un monde imaginaire.
Il veut maintenir l’illusion.
Il
se retrouve devant un mur de béton, sans rien dans les poches. La
fourchette ne servait qu’à dévorer le temps. Il n’y a rien à combattre,
rien à juger. C’est BEAUCOUP plus simple qu’il ne le pensait.
La
Vie circule librement à travers les sens, sans l’histoire du chercheur
de bonheur. La rose blanche, le petit chat, les étoiles du premier
matin, une douce mélodie, une voix qui pleure…
Le chercheur cherche la lumière là où il n’y a pas d’obscurité.
Regarder n’est pas chercher à se satisfaire, à avoir raison.
L’ego ne trouvera pas.
La souffrance est le refus de ce qui Est.
La souffrance est la résistance à ton monde, ici et maintenant.
La souffrance est de hurler: « Je ne veux pas de la Vie; je veux ma vie à moi ! »
La souffrance est une émotion éphémère dont on se sert comme fondement de notre réalité.
Nous
portons sur nos épaules le poids de nos déceptions, de nos colères, de
nos cicatrices, de nos piercing, de nos abus, de nos rejets; notre corps
est mutilé de nous-même !
Les sens ont perdu leurs fonctions véritables, trop alourdis par nos croyances.
L’arrêt du rêve est le dépouillement de l’acteur : la Grande nudité.
Le voir est abandonner l’idée de l’analyser et de le vivre à sa propre façon !
Abandonner quoi ? la Vie ou l’obsession de comprendre ?
La Vie est parfaitement accordée ! Elle est indépendante de qui tu crois être, de qui tu crois que je suis.
Chacun de ses mouvements contient la Réalité.
Dépasse l’apparence de tes tempêtes/temps doux, bonheur/malheur, calme/agitation…
et vois que la Vie s’exprime librement à travers le mouvement de la dualité… sans ton interprétation.
Ça ne changera pas !
Vivre est l’accueil du mouvement impersonnel de la Source,
qui s’exprime dans cette dualité.
« Qu’il en soit ainsi » est l’arrêt de la souffrance.
Être
un singe, prêcher, mourir, avoir peur, se bâtir une individualité,
penser qu’il y a une route qui mène quelque part, évaluer le bonheur et
le malheur de son existence terrestre, espérer changer, penser qu’on
n’aime pas assez sont les grains du chapelet des croyances, qui sont
finalement des fers d’esclave. Tu révises chaque grain inlassablement…
pour y trouver un trésor.
Le maître n’existe pas, l’esclave non plus, le chapelet non plus.
Tu vis sous l’emprise de tes sens, car tu crois la moindre de leurs réactions. Elles sont encombrées de toi !
La
réalité se révèle d’instant en instant, dans la perfection du moment
présent. Le quotidien, où dansent la forme et l’informe, est
l’expression de la Vie.
Qu’est-ce que cette drôle d’idée de chercher ailleurs ?
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