Nicole Dron est française, née en 1941 dans l'Aisne. Elle a été l'un des premiers "témoins" à accepter de parler publiquement de son expérience, sans volonté de publicité. Par le biais de conférences et en participant à des émissions radiophoniques et télévisées, elle a beaucoup contribué à la reconnaissance des EMI (expériences de mort imminente) dans le grand public ainsi que parmi les chercheurs et scientifiques intéressés. Depuis plus de vingt ans, Nicole Dron sillonne infatigablement la France et les pays francophones afin de sensibiliser tous ceux que son récit peut aider
Voici son témoignage
Il m’a été donné de vivre il y a
plus de 40 ans une expérience particulière qui a élargi ma conception
du monde et renversé toutes les valeurs de ma vie. Ce fut une expérience
profonde et inoubliable. Elle a touché tous les aspects de mon être et
m’a donné la certitude que la mort n’existe pas. Je n’oublierai
jamais cette expérience. Elle est en moi et me rappelle la plénitude, la
beauté et la paix immense d’un état qui défie toute description et en
comparaison duquel les recherches exclusives de richesses matérielles, de
renommée, de pouvoir et de gloire paraissent dérisoires et misérables.
Je souhaite que cette expérience puisse sécher toute larme.
Puisse-t-elle aussi démystifier la mort, afin que chante la vie.
45 secondes d’éternité
Cela se passait donc en 1968. Trois
semaines après la naissance de mon second enfant, j’ai fait une très
grosse hémorragie. J’ai été hospitalisée et opérée d’urgence. En
cours d’intervention (hystérectomie ou ablation de l’utérus), une
seconde hémorragie s’est déclarée. Je suis descendue entre 2 et 3 de
tension et mon coeur s’est arrêté de battre pendant, m’a-t-on dit
par la suite, environ 45 secondes avec électro-cardiogramme plat.
Et pendant ces 45 secondes, j’ai vécu
un instant d’éternité !
Tout d’abord, je me souviens m’être
trouvée à la hauteur du plafond. J’étais là avec toutes mes pensées,
mes émotions, mes impressions, avec tout ce qui constitue mon être
profond. J’ai pris conscience de voir de tous les côtés à la fois,
mais surtout j’éprouvais un sentiment nouveau et incroyable :
celui d’exister en dehors de mon corps. Je vous assure que c’est
quelque chose de bouleversant de se sentir vivre au-delà de soi . J’ai
pris conscience que j’étais l’habitant de mon corps. Celui-ci était
étendu sur la table d’opération. Je l’ai donc regardé et je ne
l’ai pas trouvé beau. J’étais cadavérique, j’avais des tuyaux qui
me sortaient du nez et de la bouche, je n’étais pas du tout à mon
avantage. Cela n’avait déjà plus d’importance parce que ce corps
n’était pas réellement moi, il n’était que mon véhicule. J’ai
entendu le chirurgien s’exclamer : "Elle me pète entre les
mains !". Ce qui m’a été confirmé un mois après par une
infirmière ayant assisté à mon opération.
Je ne me suis pas trop attardée dans
cette salle d’opération, car j’ai pensé à mon mari et à mon beau-père
qui attendaient dans la salle d’attente. En pensant à eux, instantanément,
je me suis trouvée près d’eux. J’ai pris conscience de traverser les
murs. Tout m’a paru naturel, parce que sur le coup, on ne pense pas, on
est dans l’action tout simplement. Plus tard je me suis demandé :
comment est-ce possible ? Comment ai-je pu traverser les murs et
trouver cette salle d’attente, car je ne connaissais même pas le chemin
qui y conduisait, n’ayant jamais eu l’occasion de m’y rendre !
Dans cette salle d’attente, j’ai
constaté qu’il n’y avait pas de siège. Mon mari me l’a confirmé
plus tard. Je voyais qu’ils arpentaient la pièce et moi j’essayais de
me manifester à eux, en vain. Ils ne me voyaient pas. Je ne comprenais
pas. J’éprouvais une sorte de désespérance, celle de ne pas pouvoir
communiquer avec ceux que j’aimais. En désespoir de cause, j’ai posé
la main (du corps plus subtil dans lequel j’étais) sur l’épaule de
mon beau-père et ma main a traversé son corps !
Mais, en même temps, je prenais
conscience d’une faculté nouvelle, celle de pénétrer tout ce qui est.
Je n’ai jamais perdu la notion d’être " moi ", mais
j’avais l’impression de prendre plus d’espace et je me suis trouvée
dans le coeur de mon mari. Je connaissais toutes ses pensées, mais aussi
l’essence de son être, ce qu’il valait en tant qu’être humain. La
même chose s’est produite avec mon beau-père. Mes beaux-parents
avaient perdu leur premier fils à l’âge de 25 ans. Il s’était noyé
en voulant en vain sauver un camarade. Par suite, ils avaient reporté
toute leur affection sur leur second et dernier fils qui avait 14 ans à
cette époque. Quand plus tard il est devenu mon mari, j’avais
l’impression de leur avoir pris leur fils et qu’ils ne m’aimaient
pas pour moi-même, mais seulement selon ma capacité à rendre leur fils
heureux. Et cela me faisait souffrir. Et là, dans le coeur de mon beau-père,
je me rendais compte de toute la compassion et de toute l’affection
qu’il avait pour moi et j’étais capable de voir au-delà de mes
propres projections.
Propulsée à une vitesse prodigieuse
vers cette Lumière
Je me suis ensuite trouvée dans un
abîme de ténèbres, de silence. J’étais seule au monde, dans un néant
infini et j’aurais tout donné pour entendre un bruit et voir quelque
chose. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Peut-être une
fraction de seconde ? Le temps n’existait pas. J’ai pensé :
"Ca y est ma fille, tu es morte". Et pourtant, je n’étais pas
morte puisque j’existais. Une phrase qu’on m’avait enseigné toute
petite au catéchisme m’est revenue à la mémoire : "On
vivait jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la résurrection
finale". Dans ce contexte, l’idée de vivre dans ce néant et ces ténèbres
m’est apparue insupportable.
Quelque chose en moi a appelé à
l’aide et au loin, j’ai vu une lumière. A partir de ce moment je n’étais
plus seule au monde. J’ai été propulsée à une vitesse prodigieuse
vers cette Lumière et, au fur et à mesure que j’en approchais, elle
grandissait jusqu’à occuper tout l’espace. Les ténèbres s’éclaircissaient,
je sentais des présences autour de moi sans les voir distinctement, mais
surtout une joie inouïe s’élevait de mon coeur, une joie mille fois
plus grande que toutes les joies que j’ai pu éprouver sur cette terre.
Et je suis rentrée dans la Lumière.
Là il n’y a plus de mots . Cette lumière était aussi un océan d’Amour,
mais de l’Amour pur, celui qui s’offre et ne demande rien, un Amour
soleil et j’étais l’Amour. J’étais immergée dans un océan d’Amour,
totalement comprise, comblée et aimée telle que j’étais et ceci de
toute éternité et si loin des soucis et des agitations de cette terre !
Je n’avais plus conscience du temps et de l’espace, mais d’être,
d’avoir toujours été. J’ai compris que j’étais une partie de
cette lumière, que j’étais éternelle. Dans cette plénitude et aussi
cette paix immense, j’ai compris le sens des mots : "Je
suis". C’est comme si, tout en étant moi, je devenais tout et que
je retrouvais ma nature réelle. J’avais retrouvé ma patrie. J’étais
devenu l’Amour et j’étais la vie. Comment mon Dieu partager cette expérience ?
Si chacun d’entre-nous pouvait la vivre, ne serait-ce qu’un instant,
il n’y aurait plus de misère ni de violence, ni de guerre sur cette
planète. Le sens même de l’existence serait perçu et la beauté
serait son accomplissement.
Dans cette lumière j’ai vu un
jeune homme resplendissant de lumière venir vers moi. Mon coeur a bondi
de joie car je reconnaissais mon frère. Mes parents avaient perdu un
jeune enfant de sept mois, alors que j’avais 11 ans. J’adorais cet
enfant, j’étais sa petite maman. Après son départ, mes parents et moi
avons vécu ce chagrin si bien exprimé par ces vers de Victor Hugo :
"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé". Mais il était
là et il vivait ! Et j’étais heureuse, si heureuse ! Je me
suis trouvée dans ses bras. Il était solide et moi aussi. Nous
communions totalement par la pensée et les sentiments et je lui ai
"dit" : "Comme papa et maman seraient heureux de te
voir !" Il m’a dit qu’il nous avait toujours suivis et
accompagnés dans notre vie. J’ai compris que les liens d’amour ne
meurent jamais. Comment pouvais-je être certaine que cet être était mon
frère ? Il y a évidemment une grande différence entre les traits
physiques d’un bébé et ceux d’un adolescent. Pourtant je sais de façon
absolue que c’était lui. Je pense qu’il s’agit d’une
reconnaissance d’âme à âme .
J’ai rencontré aussi le frère de
mon mari, Jacques, que je n’ai jamais vu sinon sur photo. J’ai été
très surprise qu’il m’aimait et me connaissait bien. Il m’a montré
les circonstances de son décès, combien ses parents avaient souffert, en
particulier ma belle-mère. J’ai souhaité ne jamais avoir à connaître
une telle épreuve dans ma vie. En ce qui concerne certaines situations
difficiles, voire contraignantes, il m’a dit que l’on pouvait
transformer toutes les conditions défavorables autour de nous, qu’il
n’était pas nécessaire de tout accepter mais que nous devions le faire
avec amour.
J’ai rencontré également des êtres
que je n’ai jamais vus sur cette terre. Et pourtant je les connaissais
et j’éprouvais un bonheur immense de les revoir. Ils dégageaient
tellement de noblesse et de respect que je me trouvais devant eux comme
une petite fille face à son professeur envers lequel elle éprouverait
une grande déférence. Ils lisaient en moi comme dans un livre ouvert et
j’aurais aimé ne leur montrer que de beaux aspects de moi-même. Je
sais qu’ils m’accompagnent et me guident dans cette vie.
Toutes ces rencontres avaient lieu
dans un paysage inondé de lumière, de beauté et de paix. J’étais
dans un très beau jardin. La nature y était magnifique. L’herbe elle-même
était plus verte. Il y avait d’autres fleurs, d’autres couleurs, les
sons eux-mêmes devenaient couleurs. Et cela créait une harmonie, une
unité telles que j’ai compris le sacré de la vie. Tout vivait, un
simple brin d’herbe me ravissait, car j’y voyais toutes les molécules
de vie, de lumière à l’intérieur.
Dans cet état, j’ai pensé
qu’au-delà du chagrin et de la souffrance bien humains que nous éprouvons
lors du départ de ceux que nous aimons, nous devrions nous réjouir de
savoir qu’ils sont retournés au pays ou qu’ils sont en route pour
retrouver la Vie.
"Comment as-tu aimé et
qu’as-tu fait pour les autres ?"
J’ai revécu ma vie à l’envers,
de mes 26 ans de 1’époque jusqu’à ma naissance. Près de moi il y
avait un Etre de lumière, un être que notre coeur connaît. Je ne peux
pas décrire le rayonnement et la force d’Amour qu’il dégageait. Je
me suis aperçue par la suite qu’il avait aussi beaucoup d’humour.
J’ai entendu sa voix qui semblait venir du fond de l’univers, une voix
puissante et douce à la fois, mais qui n’a rien à voir avec de la
sensiblerie. C’est une voix qui par la force et l’amour vrai qui
s’en dégagent, est capable de restaurer les forces vives d’un
individu. Cette voix m’a demandé : "Comment as-tu aimé et
qu’as-tu fait pour les autres ?". J’ai senti tout de suite
l’exigence de la question. Simultanément, j’avais la vision d’une
multitude d’êtres dont les bras étaient tendus vers le ciel et qui
imploraient. Je savais que ces êtres souffraient dans leur corps ou dans
leurs coeurs et je ressentais toutes leurs souffrances.
Qu’avais-je fait pour eux ? Je
n’avais pas été méchante, mais je n’avais rien fait de particulier.
Cette question exigeait de moi plus de fraternité, d’ouverture, de
disponibilité et même de faire grandir la vie en moi et en ceux qui
m’entourent, de la rendre plus ardente, plus libre. Elle exigeait comme
l’a dit Emerson : "de faire tout le bien qui existe dans
l’individu", de l’aider à croître dans tous les aspects de son
être et je comprenais simultanément que cela demandait beaucoup
d’amour, de cet amour fort et éclairé qui libère la vie. Elle
exigeait aussi de moi une croissance, une extraction du meilleur de moi-même
afin que ma transformation et mon accomplissement puissent aider l’autre
à s’accomplir lui-même. Et je sentais l’humanité comme un seul être
dont tous les membres étaient interdépendants pour leur progrès et leur
survie. Je m’éveillais à une responsabilité toute neuve.
La compréhension de ces deux petites
questions si simples en apparence, ne cesse de s’approfondir avec le
temps.
Toute ma vie était là, toutes les
joies, les attentes, les espoirs et les peines qui la constituaient.
J’ai retrouvé mes émotions d’enfant. J’ai redécouvert certains épisodes
oubliés. Tous les mobiles de mes actes étaient à découvert. On ne peut
rien cacher. Tout est inscrit dans le grand livre de la vie.
C’était troublant car, pendant le
déroulement de ce bilan, j’étais en même temps celle qui revivait
chaque situation avec toutes les émotions qui l’accompagnaient et j’étais
aussi l’autre partie du moi, celle qui n’était pas du tout affectée
par les émotions et qui était toute sagesse, connaissance, amour et
justice. C’était cette pure Lumière, cette autre partie du moi, qui évaluait
ma vie. A travers elle tout devenait clair. Je comprenais tous mes mécanismes
psychologiques, de quelle manière je fonctionnais et appréhendais la
vie, tout ce qui me limitait, tous mes manques et tant de choses plus
subtiles que je n’ai pas encore réussi à traduire en mots. Je prenais
conscience du bien et du mal que je m’étais fait à moi-même sans le
soupçonner ainsi que les répercutions de mes actes et de mes pensées en
moi-même, mais aussi en ceux-qui m’entouraient. Lorsque j’avais
accompli un acte de bonté, j’étais dans le coeur de la personne à qui
j’avais fait du bien et je recevais le bien que je lui avais fait. Il en
était de même lorsque j’avais été désagréable envers autrui. J’éprouvais
en moi-même les souffrances que j’avais infligées à cette personne et
surtout je prenais conscience des mesquineries qui avaient conduit à
cela.
Comme nous tremblons quand cette
grande conscience évalue notre vie suivant les critères de l’amour
absolu et de la sagesse ! C’est là que nous nous rendons compte de
nos manques, de nos misères et de nos faiblesses ! C’est à ce
moment que l’on regrette tout le temps passé à la recherche de fausses
valeurs ! C’est là que l’on regrette aussi de ne pas avoir vécu
"vrai" !
Mais cette prise de conscience
s’accompagne aussi de compassion pour soi car l’on découvre que
l’ignorance, la peur, les conditionnements, les faiblesses nous ont éloignés
de ce que nous sommes et de ce que nous aurions pu accomplir sans elles.
La transformation et la rigueur
s’imposent à nous car si l’on comprend ce qui nous limite, il est
difficile de transformer la peur en confiance, l’égoïsme en altruisme,
etc . Il faut du temps et le vouloir .
Mais je sais que c’est la chose la
plus importante que nous soyons venu réaliser ici-bas et je suis en route
sur ce chemin, peinant très souvent, mourant de ne pas mourir comme l’a
dit Saint Jean de la Croix, mais avec dans le coeur l’espoir de la délivrance.
Désormais le désir le plus profond de ma vie est de retrouver
consciemment cet état de liberté et de plénitude que j’ai goûtés
lorsque je suis arrivée "au coeur de moi-même" dans cet espace
intérieur où il n’y a plus ni conflit, ni peur, ni passion, ni
conditionnement, où je n’étais plus prisonnière de mes émotions et
de mes identifications. Quelle merveilleuse liberté dans cet oasis de
paix ! C’est certainement ce qui est le plus important dans cette
expérience car, à partir de ce centre de paix qui, je le sais désormais,
est ma véritable nature, je me rendais compte de tout ce qui, en moi ou
autour de moi, faisait obstacle à cette plénitude.
Je comprenais et je renaissais
Il m’a été montré ce que serait
ma vie lorsque je reviendrai sur cette terre. Mais auparavant,
"on" m’avait demandé si je désirais rester ou revenir sur
terre. Mon âme voulait rester mais j’ai pensé à mes deux jeunes
enfants qui avaient besoin de leur maman. Il m’a été dit que lorsque
je reviendrai, j’oublierai beaucoup de choses car il le fallait. Malgré
mon désir de fixer toutes ces connaissances en moi, je sais que beaucoup
d’entre-elles se sont effacées. Je n’en ai ramené que des miettes et
je le regrette.
Quand je dis "on" m’a
montré ou "il m’a été dit", c’est une façon de dire que
je recevais ces informations d’un être (frère, etc .) ou tout
simplement de la grande Lumière. C’était comme si j’étais dans une
classe d’enseignement sans professeur.
Donc j’ai vu mes enfants grandir et
j’étais très fière d’eux. Il m’a été montré que mes
beaux-parents et ma grand-mère quitteraient cette terre presque en même
temps et que deux d’entre-eux partiraient à trois semaines
d’intervalle. Cela m’avait frappé.
Mon beau-père et ma grand-mère nous
ont quitté 13 ans après cette expérience, à trois semaines jour pour
jour d’intervalle et ma belle-mère transitait l’année suivante...
J’avais révélé ces informations à mon mari et à mes parents, ce qui
les avait fort troublés.
Je me rappelle aussi avoir été en
possession d’une grande connaissance. En 45 secondes (mais le temps
n’existait pas) j’ai vécu des millénaires. Je me rappelle avoir vu
des géants, des sacrifices humains. J’avais toute une information sur
les civilisations disparues dont l’Atlantide et sur Jeanne d’Arc
aussi. Je sais que j’ai su, mais j’ai oublié l’information. L’on
me disait que Dieu était la force, la vie et le mouvement, que la vie
existait partout dans l’univers, qu’à l’intérieur de notre terre
il existait de grandes cavités, que notre planète était une planète
non sacrée, que le Christ, Bouddha et Mahomet travaillaient ensemble à
la régénération de la terre, que lorsque je mourrai, on ne me demandera
pas à quelle religion, quelle philosophie ou race particulière
j’appartiens, mais comment j’ai aimé et ce que j’ai fait pour les
autres et que seule la qualité d’être d’un individu est importante.
L’on m’a dit également que tout
ce qui allait dans le sens de l’unité était bien et que ma vie, par
rapport à l’éternité, correspondait à un battement de cils dans ma
propre vie. J’étais capable dans cet état de renoncer à toute
revendication, à toute condition au bonheur et à "être", tout
simplement.
Il m’a été montré aussi le futur
de l’humanité. J’ai vu que notre terre serait l’objet de grands
bouleversements et que nous traverserions de grandes épreuves, de grandes
tribulations, car nous avions une technologie avancée, beaucoup de
science, mais peu de fraternité et de sagesse. Et l’on me montrait tout
ce qui risquait d’arriver SI on ne changeait pas. J’insiste sur le si
car il est déterminant. L’on me disait que nous étions à la croisée
des chemins et que rien n’était inéluctable, tout dépendait de notre
capacité à aimer et à agir avec sagesse. J’ai senti néanmoins
l’extrême urgence d’une grande transformation individuelle et planétaire
de l’humanité et la nécessité d’instaurer la paix et la tolérance
en nous et autour de nous, pour vivre en harmonie et dans le respect de ce
qui vit.
Mais il est vrai qu’il y a 40 ans,
alors que tout était florissant, j’ai vu le chômage s’étendre sur
la terre entière, une peste ravager elle aussi la terre, éruptions
volcaniques, intempéries, etc . et bien d’autres catastrophes. Mais je
ne suis pas venue apporter la sinistrose. Je connais trop bien le rôle de
la pensée et je sais que ces événements n’arriveront que si nous
continuons à vivre en bafouant les lois de l’amour et de la conscience.
J’ai vu aussi que j’avais déjà
vécu sur cette terre. L’on me montrait certaines tranches d’autres
vies et le lien qui les unissait toutes. L’on me disait que l’on
revenait sur terre tant que l’on n’avait pas acquis assez d’amour et
de sagesse, que tout était une question d’évolution. Dans cet état,
cela me paraissait évident.
Plus tard, lorsque je suis revenue
dans mon corps, ce souvenir m’a beaucoup troublée, mais je suis
intimement convaincue que ce concept de vies "successives" ne
doit diviser personne car l’important n’est pas de s’accrocher à
une croyance ou à une conviction mais de se transformer.
Au niveau de l’absolu, au-delà de
l’espace et du temps, il n’y a que la vie, la Grande Vie . Mais dans
notre dimension limitée où s’inscrit le temps et l’espace, nous ne
prenons conscience que d’un segment, que d’une partie de cette vie se
déployant entre la naissance et la mort et nous pensons que cette petite
vie est tout ce qu’il y a à connaître. Et pourtant...
Et l’on m’a dit que le Christ
allait revenir sur la terre et que c’était imminent. Je ne sais plus si
c’est une entité telle que le Christ qui doit s’incarner sur cette
terre physiquement ou si c’est sa conscience dont nous sommes chacun une
étincelle en devenir que nous devons laisser s’épanouir en nous
jusqu’à la dimension "Christ", mais j’ai pleuré car je
comprenais que sa venue était la seule chose qui nous sauverait.
Le Christ, tel que je le comprenais
dans cette expérience (je n’ai pas la prétention d’avoir saisi tout
son mystère) représentait toute la plénitude de la vie dans tout ce qui
Est. C’était la conscience, l’amour et la vie qui se manifestaient
totalement dans l’être humain et dans l’humanité délivrée de ses
misères humaines. Il n’appartenait à aucune religion puisqu’Il était
au coeur de toutes. C’était la plénitude de Dieu dans l’homme. Je
comprenais et je savais que ce qui nous sauverait de nous-mêmes et qui éviterait
guerres, catastrophes et calamités serait d’éveiller cette dimension
Christ en nous.
"Je veux me marier avec toi
."
J’ai aussi le souvenir d’être
allée de plan en plan. C’est même beaucoup plus subtil que cela.
J’avais l’impression de pénétrer profondément dans ma conscience et
cela se manifestait par une lucidité et une compréhension intérieures
qui allaient en croissant et aussi extérieurement par beaucoup de lumière
et de beauté. Je me suis trouvée dans une ville de lumière, d’or et
de pierres précieuses. C’était la gloire des gloires.
Je me sentais transportée et élevée
au plus haut niveau. J’ai compris encore plus profondément le sens des
26 ans que j’avais passés sur terre et ce que j’avais fait de cette
opportunité.
Puis il m’a été montré que
j’aurai beaucoup d’épreuves et de souffrances dans le temps qu’il
me restait à vivre sur cette terre. Je me suis vue pleurer bien des fois
et j’ai demandé le pourquoi de ces épreuves. Et l’on m’a dit que
je les avais acceptées avant de naître, car, grâce à elles, je
grandirai. J’ai supplié que me soient alors données toutes les expériences
et épreuves qui me seraient nécessaires pour arriver au but et ceci en
une seule vie, car je ne voulais plus revenir à nouveau. Je comprenais
que l’enfer était sur terre et j’étais prête aux plus grands
renoncements et aux plus grands sacrifices pour ne plus avoir à y
revenir. Mais on m’a fait comprendre qu’on ne pouvait me donner à
porter plus que ce que mes épaules ne pouvaient supporter.
Il peut paraître extravagant ou
contre-nature de désirer cela. Dieu merci, je ne suis pas masochiste.
J’aime la vie. Mais dans cet état de conscience sublime, je n’avais
plus qu’un seul désir : celui d’arriver le plus vite possible au
but, celui de me fondre dans cette splendeur. Sur terre, devant l’épreuve,
la souffrance ou la maladie, on s’insurge, on se révolte. De
"l’autre côté", l’on en comprend le pourquoi et l’on en
voit les résultats. Et tout s’éclaire .
Et l’on m’a montré un mur de
pierres précieuses et l’on m’a invité à être une de ces pierres.
J’ai vu venir à moi un être très
beau. Il m’est impossible de dire si cet être était un homme ou une
femme, car il était viril et féminin à la fois. J’avais
l’impression de le connaître depuis la nuit des temps. Je voulais me
fondre en lui. Je lui ai dit : "Je veux me marier avec toi
.".
Et je prenais conscience que cet être
était moi, mais moi à la fin des temps, moi totalement réalisée. Ce
fut une grande leçon d’humilité car je mesurais tout le chemin qui me
restait à parcourir pour être ce que je suis .
Je comprenais que le temps n’était
que la distance qui me séparait de moi-même et que j’étais déjà
cela dans la mesure où j’étais capable de vivre à la pointe de mon âme.
Mon incapacité à vivre la plénitude de ce que je suis attire les expériences
qui me sont nécessaires pour acquérir ce qui me manque.
"C’est la blessure qui guérit"
comme l’a si bien dit un expérienceur suisse.
Mon frère et moi, nous nous sommes
fait nos adieux. Il m’a conseillé de ne pas parler de cette expérience
à mon réveil et d’attendre 17 ans avant d’en témoigner car, avant
ce temps, elle serait considérée comme un traumatisme consécutif à un
choc opératoire.
Je ne me rappelle pas être sortie de
mon corps, mais je me rappelle l’avoir réintégré en passant par ma tête
et m’y être glissée comme dans une chaussette.
Toute l’expérience s’effaçait.
Je ne pouvais pas la retenir
Et pour moi c’est cela le drame de
l’existence. Fini la plénitude, fini la liberté, fini le fait de se
sentir un et tout à la fois. L’on rentre dans son corps comme si l’on
rentrait dans une boite. On oublie que les autres sont nous et l’on se
fait du mal les uns les autres ...
On a dû me réveiller rapidement par
une paire de claques. A mon réveil, j’avais dans les oreilles une
musique sublime, une symphonie d’une grande amplitude, d’une grande
douceur et qui me faisait fondre d’amour.
J’ai essayé plus tard de retrouver
cette musique en écoutant de la musique sacrée et des classiques, mais
en vain. Mais derrière cette musique, à l’arrière plan, il y avait un
accomplissement, une paix infinie, une plénitude, une connaissance que
j’aurais voulu garder toujours en moi.
Je ramenais une parcelle d’éternité
et le sentiment d’avoir compris toutes choses. Tout était bien .
Mais en m’éveillant, la douleur
s’est éveillée aussi, (j’étais ouverte du nombril au pubis) et
toute l’expérience s’effaçait. Je ne pouvais pas la retenir. Je
n’en ai ramené qu’une infime partie .
Cette expérience est désormais le
centre, le moteur de ma vie
Aujourd’hui, je ne peux que
constater à quel point cette expérience est désormais le centre, le
moteur de ma vie. Il n’y a pas une journée, peut-être pas une heure,
sans que son souvenir ne se manifeste et je sais que la fréquence de
manifestation de ses réminiscences n’est pas de nature obsessionnelle.
Cette expérience fait partie de moi, elle repose en moi . Elle me remplit
et me nourrit. Elle est là comme une force, un point d’ancrage autour
duquel tout gravite. Elle est un point de référence pour toutes mes pensées,
émotions et activités. Je la ressens comme une densité, comme un plan
subtil au creux de la poitrine qui à la fois, m’ancre sur la terre, me
relie au ciel et ne demande qu’à grandir avec souvent une telle force
que cela en est parfois presque douloureux.
C’est peut-être cela le plus beau
prolongement de cette expérience : la sensation d’une "Présence".
Cette Présence est la révélation de mon expérience. Elle est le poids
de mon essence retrouvée.
Je sais depuis que l’Amour est le
secret de la vie, le secret de Dieu et que Celui-ci est cette Lumière
splendide et merveilleuse, ainsi que l’énergie qui imprègne
l’univers.
Je crois en une religion sans frontière,
celle de l’amour qui est au coeur de chaque être et qui, au-delà des
dogmes, amène l’homme à se transformer de chenille en papillon.
Et je sais qu’ il n’y a que la
Vie.
***
C’est pour moi un tâche ardue que
de tenter d’exprimer l’impact d’une telle expérience dans ma vie de
tous les jours. Il ressemble a une lame de fond qui parcourrait les plages
de mon être pour balayer ce qui n’est pas "Cela". C’est du
domaine du subtil et pour la plus grande partie, de l’incommunicable
puisque que cela a trait à des mouvements de l’âme.
Ce que je peux dire c’est que je
sais maintenant que la vie ne se limite pas à celle que nous connaissons
sur cette terre, qu’il y a une autre réalité, un monde de lumière et
d’amour pur qui est notre véritable patrie et que nous retrouvons avec
une telle joie, si vous saviez avec quelle joie !
Je sais aussi que nous sommes éternels
que nous avons toujours vécu et que nous vivrons toujours, que nous
sommes des étincelles de cette Lumière. Je sais que la mort n’existe
pas, qu’elle est la grande illusion. Il n’y a que la vie qui nous
invite à entrer dans sa plénitude.
Le regard sur la vie change
totalement
Alors, c’est évident, le regard
sur la vie change totalement. Celle-ci devient cohérente, porteuse de
sens. Son but est d’évoluer vers cette perfection, cette plénitude.
Je sais désormais que le but de ma
vie n’est pas uniquement d’acquérir avoir, savoir et pouvoir, mais
surtout de retrouver cet état de plénitude et de le réaliser en soi, en
somme d’incarner sur cette terre tout l’amour et toute la sagesse du
ciel.
Mon véritable travail est de devenir
consciemment ce que je suis de toute éternité, être cette perfection de
moi que j’ai vue et qui m’attend .
C’est une tâche exaltante et
exigeante que de mourir à ses propres vouloirs mais c’est la seule qui,
a mes yeux, ait du sens. Je suis sur ce chemin, peinant bien souvent,
mourant de ne pas mourir -comme le disait si justement Saint Jean de la
Croix- mais emplie d’une confiance indéfectible en la vie, en sa réalité
et en sa capacité à nous révéler à nous-mêmes et à nous mener plus
loin sur le chemin de notre être. Je suis revenue avec le désir profond
de révéler cette expérience à l’humanité afin qu’elle puisse
faire grandir la vie en elle, comme elle l’a fait en moi.
J’ai remarqué, à la suite de
cette expérience, que je m’implique beaucoup moins dans les conflits de
personnalité, les rapports de force existant autour de moi. Je prends
naturellement de la distance envers les événements et les êtres. Je
vais bien mieux à l’essentiel.
Il m’arrive de plus en plus souvent
de sentir s’il est bon d’aider les personnes au niveau de leur
personnalité ou s’il est meilleur de les laisser à la sagesse aimante
de leur âme. Je suis de plus en plus encline à refuser de succomber aux
mirages de leurs personnalités parce que ce n’est pas leur rendre
service, ceci afin de mieux les aider (à ma mesure) au niveau de l’âme ;
peut-être en aidant celle-ci à s’éveiller. Il est vrai aussi qu’il
est plus facile de sentir ce qui fait défaut chez les autres qu’en
soi-même.
Le fait d’avoir vu que cette vie
n’était qu’une phase transitoire dans la progression de l’âme
m’a aidée à mieux accepter les injustices et les souffrances de
l’humanité, tout en l’aidant le mieux possible.
Position par rapport à la religion
En ce qui concerne ma position par
rapport à la religion, je dirais que je me sens faire partie de la Grande
Religion, celle de l’Amour, celle qui est au cœur de chaque être.
J’ai été élevée dans la religion catholique romaine qui recèle en
son sein des trésors, mais je ne me sens plus limitée par le poids de
l’institution religieuse.
J’ai énormément de respect pour
toutes les religions et philosophies qui font grandir l’homme mais le
plus important pour moi, c’est le chemin de la transformation bien plus
que la croyance en des dogmes établis. Le chemin de transformation est
pour moi la voie, le processus alchimique qui fait de la chenille un
papillon et l’amène à la grande expérience qui est l’expérience de
Dieu dans chaque être humain. Là, nous arrivons à la réconciliation.
Cette expérience m’a permis d’être
plus tolérante envers les autres, de ne pas les juger, sans être pour
autant complaisante, parce que je sais que nous sommes tous en
"devenir".
Je sais aussi que notre vie est sacrée,
qu’elle est un don du ciel pour évoluer.
Je suis revenue avec un sens de la
beauté exacerbé, beauté d’une fleur, d’un paysage, d’un enfant
qui s’éveille à la vie mais aussi, beauté des âmes. Je ressens
beaucoup plus qu’avant la présence d’une grâce dans la nature et
dans tout ce qui est et, parfois, j’en ai les larmes aux yeux.
J’aspire à retrouver l’unité éprouvée durant l’expérience où
j’étais dans le tout et où le tout était en moi.
Vivre après cette expérience
Il y a surtout trois choses qui ont
été difficiles à vivre après cette expérience. L’une concerne ma
difficulté à ne pouvoir vivre "à la pointe de mon âme" comme
durant l’expérience. En effet, j’avais goûté à une telle paix, si
loin des mesquineries et misères humaines, j’étais si comblée et dans
une telle plénitude que j’aurais voulu toujours garder cet état.
J’aimerais vivre toujours de cette
Présence mais comme il est difficile, dans la vie courante, de la garder,
alors que tous les êtres qui vivent autour de nous n’ont pas cet idéal,
faute d’avoir vécu l’expérience.
C’est une souffrance de ne pouvoir
réaliser cet état en nous et autour de nous.
Le temps a passé et avec plus de
maturité, j’ai compris qu’il fallait donner du temps au temps pour réaliser
cette perfection en soi-même et qu’il y aura toujours un décalage
entre l’idéal et sa réalisation.
Une autre source de difficultés a
consisté à maintenir l’équilibre et l’harmonie dans mon couple et
la stabilité chez mes enfants. Il n’est pas facile de vivre une expérience
aussi profonde sans affecter tous les membres de son entourage.
Il a fallu de nombreuses années pour
nous harmoniser, mon mari et moi, pour qu’il me respecte et ne craigne
pas que mon changement intérieur modifie notre situation de couple, pour
qu’il sache que je l’aime tel qu’il est, sans avoir besoin de
changer quoi que ce soit à ce qu’il est. Il faut dépasser la peur et
cela nécessite beaucoup de patience et de confiance mutuelles ainsi que
d’amour des deux côtés. Je le remercie pour avoir accepté d’être dérangé.
Ma plus grande difficulté, tout au
long de ces années, a été de vivre à l’intérieur de moi quelque
chose de puissant, exigeant, presque incommunicable, tout en restant dans
le silence et la solitude pour la plupart du temps, et sans que mes
proches ne devinent à quel point ce qui se passait à l’intérieur de
moi était important. Mes enfants avaient besoin, avant tout, de
l’aspect familier et sécurisant de leur maman pour leur équilibre
personnel et je craignais que mon aspiration intérieure ne risquât de
les désorienter. J’ai dû doser progressivement et les protéger. Ils
sont adultes maintenant, proches de moi et au courant de ce que je vis,
mais ils me disent qu’ils ont du mal à m’imaginer autrement qu’en
ma fonction de maman. Il ont besoin que je sois avant tout leur mère.
Ce qui a été très troublant,
c’est que l’on m’a demandé de partager cette expérience, donc de
m’absenter parfois de chez moi lorsque mes enfants ont quitté le nid,
pas avant, comme si l’intelligence divine respectait mes devoirs envers
eux.
J’essaie de vivre toutes ces
transformations intérieures le plus simplement possible. Je constate que
j’ai besoin de beaucoup de solitude, j’aime à rentrer dans le silence
et pourtant, je sens que je dois partager cette expérience. Étrange
paradoxe ! Les conversations oiseuses, les controverses mentales
m’ennuient. Ne parlons pas de la médisance ! J’ai un besoin très
fort d’authenticité, de vérité, d’innocence même. Je me sens
parfois aspirée dans mon oasis de paix, dans la quiétude, libre du passé
et du futur. L’on m’a déjà demandé si j’avais des
"pouvoirs". Je ne les recherche pas car ils peuvent être un piège
pour l’ego et celui-ci est si futé .Il y a la voie des pouvoirs et
celle de la paix. Mais, s’il m’en était accordé un, j’aimerais que
ce soit celui qui aiderait les autres à changer de conscience.
Je n’oublie pas qu’on m’a dit
que le Christ allait revenir sur la terre, que c’était imminent, qu’Il
était la plénitude de vie en potentialité dans chaque être humain.
J’ai pleuré car j’ai pensé que si nous permettions à cette partie
en nous de s’éveiller, de grandir en conscience, alors ce serait le
ciel qui viendrait sur la terre et ce serait la fin de nos tribulations.
Cette expérience m’a ouvert des
horizons insoupçonnés sur le passé et le futur de notre humanité Quand
je suis "revenue à la vie", j’ai pensé que c’était plus
fantastique que ce que l’on pouvait imaginer et que l’avenir nous
apporterait de grandes surprises .
Alors, évidemment, c’est tout un
sensorium intérieur qui s’est ouvert et le besoin de retrouver et de
comprendre les mystères qui ont été révélés pendant l’expérience.
Des sujets qui m’étaient auparavant indifférents sont devenus
importants pour moi, l’espace et le temps, le mystère de la création,
l’énergie, le sens et le but de la vie, la conscience, etc. L’amour,
dans mon expérience, était de l’amour-connaissance et j’essaie de le
vivre simplement dans la vie de tous les jours, en m’ouvrant à
l’autre en "étant" tout simplement. La découverte que l’amour-sagesse
est la vie de l’univers, est mon trésor à moi et j’aimerais
qu’elle soit le trésor de tous. Imaginez au cœur de la politique, de
l’armée, de la finance, de l’éducation, des institutions "l’amour-sagesse" !
Tout deviendrait juste, le bonheur de l’homme serait assuré.
La croissance intérieure
J’en reviens à l’expérience. Si
elle est difficile à exprimer, la croissance intérieure qui en découle,
le travail souterrain, l’appel de l’âme, les aridités, les silences,
les souffrances secrètes, l’exigence de vivre vrai, de cette vérité
de l’âme qui est au-delà des lois conventionnelles, tout cela est
encore bien plus difficile à exprimer et ne peut vraiment être compris
que par quelqu’un faisant la même démarche, d’où l’obligatoire
solitude et le silence .
Mais je suis heureuse d’avoir vécu
cette expérience. S’il n’a pas été facile à un certain moment de
ma vie d’en parler sans susciter l’ironie, l’indifférence ou la
condescendance, je comprends maintenant que l’épreuve était nécessaire
pour "tremper l’acier". Vivre vrai, sans renier l’expérience
par facilité ou pour plaire aux autres, a été à la fois un défi mais
aussi une exigence car sinon, j’aurais eu l’impression de mourir.
Cette expérience a donné une
dimension immense à ma vie. Sans elle, j’ai l’impression que
j’aurais risqué de vivre d’une façon superficielle et de passer à côté
de l’essentiel.
Quand on est sur le chemin de son âme,
l’on s’aperçoit que les difficultés existent toujours,
puisqu’elles sont éducatives mais l’on s’aperçoit aussi que l’on
est aidé de toutes les façons possibles, rêves, synchronicités,
rencontres et livres qui vous aident. Je dis aussi merci du fond du cœur
à tous ceux qui ont été là, mon mari et mes enfants, et grâce à ce
qu’ils sont, m’ont permis de réaliser ce que je suis .. Merci en
particulier à mon mari qui, dans l’ombre, me soutient et m’accompagne
dans un service commun. Sa retraite n’est pas aussi paisible qu’il
l’aurait souhaité ; mais il est ma force bien plus qu’il ne peut
l’imaginer.
Cette expérience a suscité en moi
le désir de la transparence, le désir d’Etre, mais aussi le goût du
partage et du don de soi.
Roland de Jouvenel a dit à sa mère
"Maman, on se nourrit de ce que l’on donne aux autres". Cette
citation est le fil conducteur, le fil d’or de ma vie. J’ai la
conviction profonde que je n’ai pas vécu cette expérience pour moi
seule et que je dois la partager avec tous.
Quand je retournerai dans la Lumière
de Dieu, j’aimerais que toutes les petites graines de lumière qui ont
été semées aux quatre vents dans le cœur des gens soient devenues des
pierres précieuses.
Nicole Dron
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