mercredi 22 octobre 2014
L'age d'or
"Il fut d'or, le premier âge à naître : sans vengeur, sans contrainte, sans lois, il respectait la bonne foi et la droiture. Point de châtiment ni de crainte; nulle menace sur des tables de bronze et la foule suppliante ne craignait pas le visage de son juge; sans protecteur, les gens étaient en sécurité. Alors, le pin n'avait pas encore été abattu dans ses montagnes et n'était pas descendu sur les flots marins pour visiter un monde étranger. Les mortels ne connaissaient de rivages que les leurs. Nul fossé ne cernait encore aucune place-forte.
Point de trompette droite, point de cor à l'airain courbé, ni de casque ni d'épée. Sans soldat, les tribus passaient sans risque de doux loisirs.
La terre aussi, dispensée de toute obligation, sans être touchée par le hoyau, ni blessée par des araires, donnait tout d'elle-même. Satisfait des aliments produits sans aucune contrainte, l'homme cueillait les fruits de l'arbousier, les fraises des montagnes, les cornouilles, les mûres attachées aux ronces épineuses et les glands tombés de la large frondaison de l'arbre de Jupiter. Un printemps éternel ! Les zéphyrs paisibles caressaient de leur souffle tiède les fleurs nées sans semis.
Bien vite, même, la terre vierge portait des moissons et le champ en jachère blanchissait de lourds épis. Là, des fleuves de lait, là, des fleuves de nectar; des gouttes de miel blond tombaient de l'yeuse verdoyante."
Ovide, "Métamorphoses"
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