mardi 5 mai 2015

Gratitude, espoir et résilience

"Parce que notre famille vit en nous comme des vases communicants"

J'ai une pensée pour moi même en  ce qui concerne mes blessures...
Celle d'avoir été adoptée... avec mon cas particulier.
 

C'est un peu comme un arbre... si on lui coupait les racines et que nous tentions de le replanter ailleurs, il n'aurait aucune chance de « reprendre » parce que amputé de ses racines! Même s'il était replanté dans une terre riche, avec le meilleur engrais, où l'eau ne manque pas, et s'il recevait tous les bons soins nécessaires, il ne pourrait pas reprendre! Pour cela il lui faudrait un minimum de racines et beaucoup de chance! C'est compréhensible pour un arbre, mais un enfant, c'est différent! direz-vous. Non, un enfant, ça n'est pas différent! C'est un être vivant tout comme l'arbre et il a des racines indispensables à sa croissance. La génétique aujourd'hui peut beaucoup oui, mais pas implanter de nouvelles racines dans le coeur d'un enfant!

Je suis comme un arbre déraciné... sans racines.


"Pour voir les fils invisibles qui nous relient aux mémoires familiales et s'en libérer en acceptant le sens profond du scénario de notre vie."




 « Qui est mon père, qui est ma mère? » « A quoi ressemblent-ils, à qui je ressemble moi? D'où est-ce-que je viens? Pourquoi... ??? »


 Et mes parents adoptifs... Que  m'ont-ils offert réellement, et que m'ont-il volé? Que se sont-ils appropriés qui ne leur revenait pas de droit?



Adopter un enfant pour combler un vide d’amour, est voué à l’échec! soit le couple se séparera, soit l’enfant mourra, soit il partira! Il n’y a pas d’autres issues. Accueillir un enfant pour lui-même dans le respect de sa culture, de sa famille, de son histoire, par pure compassion et bienveillance, désintéressé de toute attente affective et reconnaissance de la part de l’enfant, a toutes les chances de bien se vivre, et chacun a une chance de s’épanouir dans l’amour partagé!

Les parents adoptifs pas plus que quiconque n’a le droit de juger les parents naturels d’un enfant. Ils lui doivent au contraire un grand respect, nul ne sait ce qui se joue dans le coeur des parents. Nul ne peut mesurer la douleur de la séparation d’avec son enfant. Pour les parents « naturels » le traumatisme consiste à se faire « voler » leur « patrimoine », quand bien même ils auraient abandonné l’enfant à sa naissance, confié à un orphelinat, ou déposé dans une « Boîte à recueillir les bébés », cet enfant restera leur enfant, au sein de leur système familial. Il ne peut en aucun cas être évincé sans causer un déséquilibre énorme pour l’ensemble du système! Imaginez une constellation d’étoiles à laquelle on retirerait une étoile…..que deviendrait cette constellation? Quelle serait alors sa force et sa fonction sur l’ensemble de la Création? Est-il imaginable d’arriver à une telle chose? retrancher une étoile d’une constellation?

Extrait du livre “Les fondements de l’amour dans le couple et la famille” de Bert Hellinger (p. 369) :
L’adoption n’est la bonne solution que lorsque personne d’autre n’a pu prendre l’enfant en charge. A sa naissance, l’enfant n’a pas seulement des parents.... Qu’en est-il des grands-parents, des tantes, des oncles ? C’est à eux qu’il faut tout d’abord s’adresser et ce n’est que lorsqu’aucune de ces personnes-là n’est en mesure d’intervenir que d’autres peuvent prendre leur place. Alors l’adoption est justifiée et elle a de la grandeur. Pourtant, même dans ce cas, il est préférable de mettre l’enfant en nourrice.
L’adoption va trop loin et elle n’est pas indispensable à l’enfant. Qu’apporte l’adoption à l’enfant que ne ferait une nourrice ? Dans une famille d’accueil, tout se passe de façon plus humble et les difficultés qui apparaissent peuvent être résolues plus modestement.”
De plus, il promulgue qu’un “enfant adopté à la légère” “se vengera de ses parents adoptifs ...... pour avoir été enlevé de son clan familial” (même livre que ci-dessus, p. 370) ou encore que le prix à payer sera de “sacrifier le partenaire ou un enfant qui sera né du couple” (p. 369).



"L'adoption sous-entend un abandon, le renoncement à la filiation et cela est grave pour le champ familial qui ne supporte pas l'exclusion. L'appartenance au système est un droit fondamental de tout individu. Même si les parents adoptifs ont permis la poursuite et la normalisation de la vie, ils ne sont pas les parents biologiques de l'enfant, ceux qui lui ont transmis la vie et la force vitale qui s'écoule de la chaîne innombrable des ancêtres : le flux de vie qui relie chaque vivant à l'origine du temps et de l'univers. 

L'enfant abandonné pour l'adoption vit tous les ressentis liés à la dévalorisation, l'impuissance qui se cache derrière la colère et la culpabilité secrète de ne pas avoir été assez bon pour être gardé. Cela engendre toujours de la confusion. 

Il ne s'agit pas non plus de « pardonner » à ses parents car le pardon qui a marqué le christianisme, enferme dans l'image égotique : « Je » te pardonne. Imaginez la personne debout sur une chaise regardant en bas ses parents. 

Par contre si on laisse à ses parents la responsabilité de leurs actes, on se limite à reconnaître le FAIT indéniable qu'ils sont les parents biologiques, que la vie a été transmise par eux. Cela est l'acte magique porteur de force ; il enracine à sa juste place et permet de recevoir toute la lymphe des richesses et frictions familiales. Bien enracinés face à nos parents nous pouvons alors nous laisser porter par le flot de la vie et enrichir l'univers de notre conscience pacifiée et vide.
Du côté des parents adoptifs, il y a à conscientiser une chose importante lourde de conséquences. 

Les parents sont les grands et les enfants les petits. Ceux qui viennent après ne doivent pas prendre en charge les grands, s'immiscer dans leur destin. Ils seront à leur tour les grands face à leurs enfants par la suite. Nous ne pouvons nous charger des rôles de nos parents sans nous condamner à la confusion et à l'échec.

Nous ne pouvons être dans la quête d'être meilleurs que nos parents. Seulement dans la reconnaissance qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu, nous serons libres d'agir.

Si nous restons prisonniers des jugements nés des déceptions de ce que nous n'avons pas reçu, nous divisons le monde en bons et méchants et nous nous plaçons du côté des innocents. Mais ainsi nous n'avons qu'une jambe pour marcher.

Si la mère adoptive face à la mère biologique reconnaît sa priorité avec toutes les conséquences, que malgré les faits cruels elle reste la meilleure mère pour cette fille, elle libère cette dernière de sa colère.

Lorsqu'une mère meurt en laissant un enfant en bas âge, celui-ci va probablement devenir quelqu'un de « fiable » sur qui l'on peut compter, touché par tous les chiens errants abandonnés, quelqu'un prisonnier de ses schémas. Et il va justement attirer les situations d'abandon...pour pouvoir se reconnecter à sa douleur primaire et reconnaître qu'il n'a pas à être meilleur que sa mère. Et que, si les circonstances se présentent, il pourra lui aussi abandonner. Ainsi il retrouve ses deux jambes et une plus grande fraternité humaine. Ce qui manque souvent aux défenseurs des animaux.

Si la victime peut ainsi voir son bourreau et le prendre dans son cœur au nom des forces plus grandes qui les nourrissent tous les deux, alors les guerres pourront cesser"
Paru dans Réel de mars 2005 



Certainement j'ai eu de la chance, je ferais peut être une belle famille, deviendrais un bon parent...

Résilience?


Heureux hasard?

Le hasard c'est la loi qui joue à un autre niveau du réel.

Peut être mes ancêtres sont là, et veillent, j'espère qu'ils me guident, me protègent! MERCI

Une personne résiliente n'est pas libérée de ses souffrances, mais bien asservie aux mécanismes de refoulement et de compensation, aux schémas de comportement qui luipermirent, jadis, de survivre à un environnement hostile. 

Effectivement j'ai su développer en moi pour survivre un comportement qui donne aux autres l'envie de m'aider. Je remarque aussi chez mon compagnon qui a eut son lot de souffrances d'enfance; sa manière de plaisanter, de dire des anneries pour se faire accepter.

Il est également vrai que la résilience contribue à déculpabiliser les parents dans leur responsabilité d'adulte dans mal être de leurs enfant. J'entend encore si souvent ces phrases "j'ai reçu quelques fessés et ça ne m'a pas tué!"... "ne pleure pas!"... "sois fort".... "sois courageux"... A mes yeux la personne se massacre en pensant ainsi, c'est un déni de soi.

La conscience et la sensibilité qui devraient nous servir de guide dans la résolution de nos problèmes relationnels et familial sont anesthésiés. Cela a pour conséquence l'impuissance à se libérer des traumatismes qui furent infligés faute de pouvoir remettre en cause le comportements des adultes et des éducateur envers soi.

 
(inspirée de Textes de Shemsi Husser, Marc André Cotton et Annick de Souzenelle)

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